Congrès 2015 – CR – La Bibliothèque incompréhensible pour l’usager

affiche_congres2015La bibliothèque incompréhensible pour l’usager

Compte-rendu de Laure C.

Les bibliothèques sont infréquentables si on n’a pas les clés pour comprendre le fonctionnement. Les bibliothécaires adoptent parfois des comportements qui « écartent le danger » c’est-à-dire le public ; ou ils le font exprès ou ce sont des réflexes presque pavloviens.

Depuis quelques années, on observe cependant un recentrage autour de l’accueil du public.

On observe une mise en place d’informations sur les droits et les devoirs de l’usager (Pas toujours comprise d’ailleurs) ; Ainsi qu’une co-construction des services proposés. Cela pose question : qui, quoi… et ceux qui ne viennent pas ?

  • Benoit Tuleu

Il a écrit un article dans bbf 2013 sur la contractualisation avec l’usager. Quand on rencontre des problèmes avec les usagers, le plus souvent c’est parce qu’ils n’ont pas les codes. Les bibliothécaires font signer le règlement comme un contrat. Mais le problème n’est pas forcément résolu, soit parce qu’ils refusent de signer, soit parce que ça ne change rien.

Trop de documents, de chartes tue le bénéfice de ces documents. Cela complique les choses. Et pose question : que le règlement existe c’est une chose, c’est normal ; Le faire signer peut être dérangeant. En effet, si ensuite il y a manquement au règlement ?? Que se passera-t-il ? On met en danger la relation bibliothécaires/usagers et on risque de ne plus les voir revenir. Il faut moins de contrat et plus de médiation.

 

Au départ, les chartes de politique documentaire ont été crées pour lutter contre les politiques restrictives des mairies FN dans le sud de la France. Elles se sont développées et sont plus détaillées. Elles n’ont pas besoin d’être affichées et peuvent/doivent être amendées régulièrement. Ces dernières années, elles ont servi à justifier les achats auprès des élus et du public.

Le règlement est un document qui évolue/devrait évoluer. Beaucoup de choses peuvent devenir obsolètes. (Pas d’animaux, oui mais les chiens d’aveugles ? Pas d’enfants de – de 10 ans non accompagnés, oui mais s’il y en a plein ? Etc.…) Des discussions doivent être ouverte parmi le personnel et avec les usagers pour l’adapter au contexte de chaque bibliothèque. Le règlement n’est pas fait pour la compréhension par l’usager mais pour se protéger.

Après questions et débat avec le public, on peut résumer ainsi : Les bibliothécaires doivent assumer un rôle pédagogique. Ils ne sont pas flics, profs ou gardiens, mais il faut donner une définition positive, ne pas se définir en creux. Ce rôle pédagogique doit se faire en médiation, en accompagnement auprès du public.

La bibliothèque était et doit rester un espace d’apprentissage de la citoyenneté. Il est nécessaire de faire de la médiation pour faire comprendre le règlement. Il faut donc une cohérence dans l’équipe vis-à-vis des règles. (Si on ne prête pas de documents au lecteur qui n’a pas sa carte, tout le personnel doit l’appliquer, même si certains ont envie de « craquer ». Sinon cela sera source de conflit, d’incompréhension et donc de tension de la part de l’usager)

 

Classification

Le classement/le rangement est un sujet potentiel d’incompréhension. Il faut éviter de changer la disposition des livres sinon les gens peu habitués sont perdus. Il faut expliquer les cotes.

Le jargon est à bannir (ex: retour des livres plutôt que retour des documents)

Il faut une lisibilité des espaces et une différenciation.

 

Collaboration avec les usagers

En France, ce n’est pas très répandu. Aux Etats-Unis il existe des library board : des conseils de bibliothèques

L’intervenant propose de faire de la démocratie participative. Il ne faut cependant pas tomber dans le démagogique là où on ne peut pas répondre.

 

         Conclusion : Donner la parole au public mais continuer à le surprendre !

Laure C.

Ce compte-rendu vous a plu ? Consultez la conférence en ligne sur la chaine Youtube de l’ABF

 

 

Congrès 2015 – Premier témoignage d’un congressiste :)

affiche_congres2015Compte-rendu de Gérald L.

Grâce à une bourse reçue du groupe franc-comtois de l’ABF, j’ai eu le plaisir de me rendre à une journée du congrès national de l’association.

Pouvant gagner plus d’une heure de sommeil, j’ai choisi de me déplacer en voiture plutôt qu’en train. Et mon trajet m’a permis de faire une mini halte ferrugineuse dans une médiathèque où je travaille pour y emprunter un CD de métal.

Arrivé avec un peu d’avance, j’ai pu me promener aux alentours du palais.
Mais je n’ai pas tardé à gagner le premier rendez-vous du jour : La création à l’épreuve de l’industrie. Cette rencontre était organisée par la Confédération alsacienne de l’illustration et du livre et avait pour invités : Eric Catarina, fondateur des Editions du Long bec ; Simon Liberman, co-fondateur des Editions 2024 et Vincent Wagner, illustrateur.
Malheureusement, je n’ai pu rester à cette rencontre qui a débuté à 9h15 et pour 10 personnes.
J’en retiens notamment cet échange : « Des livres illustrés pour adultes ? C’est un genre qui n’existe pas vraiment ». Cela étant, la qualité des illustrations aujourd’hui dans bien des domaines est telle qu’il est difficile pour un adulte d’y rester insensible. Et puis des livres « pour adultes » illustrés, rien de nouveau ! Ne serait-ce qu’en Alsace, nous pouvons penser à Gustave Doré ayant illustré des textes pour adultes.

Je n’ai pu rester à cette rencontre car je participais ensuite à une bibliothèque vivante. Une bibliothèque vivante ? Oui, j’ai découvert cela dans le Territoire de Belfort grâce à Emmanuelle Herry, directrice de la médiathèque départementale de prêt dudit département. Elle en avait organisé une dans le cadre du festival Libres regards. Ces bibliothèques vivantes, où les livres sont des personnes, ont pour objectif de déconstruire des clichés. Emprunter un livre vivant, c’est oser la rencontre avec une personne que l’on aurait pas abordé ailleurs et sans cadre ordonné. Pour en savoir plus à propos de la bibliothèque vivante à laquelle j’ai participé lors de ce congrès, rendez-vous sur le blog de la commission légothèque de l’ABF.

Après la pause déjeuner et tous ses échanges informels mais forts intéressants, je me rendis curieux à un atelier au titre entraînant : bibliothécaires au défi, le top 50 des paradoxes. Des paradoxes, je suis sûr d’en avoir des tonnes, j’y vais ! Et j’ai bien fait. Il ne s’agissait pas d’une conférence avec question de la salle à la fin, mais une rencontre ludique animée par Anne-Marie Bock (et ses adjoints pour l’occasion), directrice de la BDP du Bas-Rhin. Et elle nous a fait travailler ! Par groupes, nous avons réfléchi à nos propres paradoxes de bibliothécaires. Pour le plaisir je ne résiste pas à l’envie de vous en confier quelques uns ici : « Je délègue à mon équipe mais c’est moi qui fait tout. » ; « Je veux que les élus se mettent à ma place mais jamais je n’irai à la leur. » ; « J’ai plein de supers guides touristiques mais certains sont de pays qui n’existent plus. » ; « Je vais faire des animations pour les actifs mais en semaine et à 15 heures. » Bref, on a passé un bon moment.

Après cela il fallut trouver de la motivation pour aller à une conférence d’un tout autre registre « La fonction publique, c’est terminé ! » Ce titre provocateur et l’enjeu du sujet m’ont convaincu rapidement. Et là aussi, j’ai bien fait. Les propos de Gérard Aschieri étaient clairs et posés, plein de « bibliozenitude » chère à Anne-Marie Bock. Ce professeur et membre du Conseil économique, social et environnemental a rappelé notamment à ceux qui parlent de la fonction publique comme d’une « veille machine qui fait du surplace », que celle-ci a connu plus de 200 modifications depuis sa création. Sa création ? Fin XIXe il était déjà question de ceci : le roi est propriétaire de l’emploi et l’officier du grade. Et pourtant, malgré ces 200 modifications, des freins à la mobilité ? Oui, les primes qui sont vecteurs de grandes disparités de rémunérations ; oui, les équivalences pour une même catégorie (A, B, C) deviennent problématiques lorsqu’il faut changer de tutelle et de poste ; etc.
Et demain ? Bien gérer la fonction publique ne signifie pas réduire les effectifs, au contraire. Bien gérer c’est conserver et développer. Et la fonction publique française est très bien placée au niveau européen et mondial concernant l’usage du numérique : elle est donc capable de grande évolution.
Pour Gérard Aschieri elle doit bien prendre en compte la place des usagers et servir encore et toujours l’intérêt général. Il va même plus loin : l’un des défis en cours de la fonction publique est l’intérêt général pensé au niveau mondial.
A noter, en France 90 personnes pour 1000 habitants sont payées par des prélèvements obligatoires.

Puis sous les rayons du soleil de fin d’après-midi, je repris mon chemin en direction des terrifortains.

Et je termine ici en saluant et remerciant toutes les personnes qui ont travaillé dur pour ce 61 congrès de l’ABF.

A l’année prochaine à Clermont-Ferrand !